Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/490

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J’avais déjà passé cinq jours dans cette nouvelle position, lorsqu’un de mes geoliers m’invita à demander une autre audience, tel est l’usage de ce tribunal plein de ruse et de fausseté, quand les juges veulent interroger une seconde fois le coupable, il faut que cette audience soit comme l’effet d’une pressante sollicitation de la part de ce malheureux, qui, sans cela, gémirait des siècles, et sans qu’on le soulageât, et sans qu’on l’entendît ; je demandai donc à revoir mes juges… je l’obtins.

L’inquisiteur me demanda ce que je voulais. — Mon bien et ma liberté, répondis-je. — Avez-vous réfléchi, me dit-il en éludant ma réponse, sur l’extrême importance dont il est pour vous de donner les lumières qu’on desire. — J’ai satisfait à ce qu’on exigeait de moi, satisfaites de même à ce que j’attens de vous. — Tout est enfermé maintenant dans les coffres du saint office, et rien n’en peut plus sortir qu’au retour du vaisseau d’information que sa ma-