Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/494

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voir que je soupçonnais leur piège ; ils désespéraient de m’y prendre, et ne pouvant plus avoir recours qu’à l’effroi et à la calomnie, ils espéraient, en usant de ces deux moyens, obtenir de moi quelques aveux, qui, me rendant imaginairement coupable, appaisassent au moins les remords qu’ils commençaient, sans doute, à sentir, de me voler aussi impunément.

Je fus reçu cette fois-ci dans ce qu’on appelle le lieu des tourmens ; c’est un souterrain effroyable, dans lequel on descend par un nombre infini de marches, et tellement reculé, qu’aucun cri n’en peut être entendu… C’est là que, sans respect, ni pour la pudeur, ni pour l’humanité ; que, sans distinction d’âge, de condition ou de sexe, ces infernaux vautours viennent se repaître de barbaries et d’atrocités : c’est là que la jeune fille timide et honnête, mise nue sous les yeux de ces monstres, pincée, brûlée, tenaillée, vient éveiller dans ces cœurs pervers le sentiment de la luxure par l’aiguillon de la férocité ; et c’est pour y