Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/508

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der, continua-t-on, perçons chacun de notre côté à cet endroit où je vous parle, nous nous entendrons mieux, nous nous verrons, et j’ose croire qu’après un peu plus d’entretien, nous nous convaincrons qu’il n’est rien à craindre à nous confier l’un à l’autre.

Ici ma position devenait très-embarrassante : j’étais découvert, cela était évident, et dans une telle circonstance peut-être il y avait moins de danger à accorder à cette femme ce qu’elle desirait, qu’à l’irriter par des refus. Si elle était fausse, elle me trahissait assurément ; si elle ne l’était pas, mon impolitesse la déterminait à le devenir. J’acceptai donc sans balancer ; mais comme nous approchions de l’heure où les geoliers faisaient leur ronde, je conseillai à ma voisine de remettre le travail au lendemain… elle y consentit. — Ah ! dit-elle encore en me souhaitant le bonsoir, que d’obligations nous allons vous avoir. — Que veut dire ce nous, répartis-je au plus vite, n’êtes-vous donc pas seule ? — Je suis seule, me répondit-on ; mais j’ai près de moi une com-