Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/510

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au joug des scélérats qui nous retenaient, deux infortunées comme moi ; mais, d’un autre côté, que de risque à me charger d’elles, et comment entreprendre, avec deux femmes, une opération si dangereuse, et dont le succès était incertain : si elle manquait, je redoublais leurs chaînes, et me précipitais avec elles dans de plus grands malheurs, peut-être, que ceux qui nous attendaient. Seul, tout me semblait possible ; tout me paraissait échouer avec elles… Je ne balançai donc plus ; je fermai mon cœur à toute considération, et me déterminai à partir sur-le-champ, afin de ne plus même entendre les regrets intérieurs que j’éprouvais à refuser aussi cruellement mes services à ces deux malheureuses compagnes de mon sort.

J’attendis minuit : visitant alors mes ouvertures, et les trouvant suffisamment élargies pour y passer le corps, je liai un de mes draps aux barreaux qui n’étaient point endommagés, et me laissai par leur moyen glisser dans la cour… nouvel embarras dès