Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/511

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que j’y fus ; je tombais dans une espèce de gouffre dont l’obscurité était d’autant plus affreuse, que l’enceinte en était étroite et haute ; j’avais vingt pieds de mur à franchir, sans qu’aucun moyen s’offrît à moi pour m’en faciliter l’entreprise ; alors, je me repentis vivement de ce que je venais de faire ; la mort, sous mille formes, s’offrit à moi pour punition de mon imprudence ; un regret amer de tromper aussi durement l’espoir des deux femmes que j’abandonnais, vint achever de déchirer mon cœur, et j’étais prêt à remonter, lorsqu’en tâtonnant dans cette cour, une échelle vint s’offrir à moi. Ô ciel ! me dis-je, je suis sauvé, n’en doutons pas, la Providence me sert mieux que moi-même, elle veut absolument m’arracher de ces lieux ; suivons sa voix, et reprenons courage : je saisis cette échelle précieuse, je l’appliquai au mur ; mais il s’en fallait bien qu’elle en atteignît le haut, à peine arrivait-elle à la moitié ; quelle nouvelle détresse !… Mon heureuse étoile ne m’abandonna pourtant point encore ; à