Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/74

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Après avoir accordé à la nature, ce qu’elle exigeait si impérieusement, j’observai le cours du soleil ; il me sembla, d’après cet examen, qu’en dirigeant mes pas, d’abord en avant de moi, puis au midi, je devais arriver par terre au Cap, en traversant la Cafrerie et le pays des Hottentots. Je ne me trompais pas ; mais quel danger m’offrait ce parti ? Il était clair que je me trouvais dans un pays peuplé d’antropophages ; plus j’examinais ma position, moins j’en pouvais douter. N’était-ce pas multiplier mes dangers, que de m’enfoncer encore plus dans les terres. Les possessions portugaises et hollandaises, qui devaient border la côte, jusqu’au Cap, se retraçaient bien à mon esprit ; mais cette côte hérissée de rochers, ne m’offrait aucun sentier qui parût m’en frayer la route, au lieu qu’une belle et vaste plaine se présentait devant moi, et semblait m’inviter à la suivre. Je m’en tins donc au projet que je viens de vous dire, bien décidé, quoi qu’il pût arriver,