Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 2, 1795.djvu/89

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avait encore dans l’enfance, et le plus grand nombre, de douze à seize ans. En face du trône, se voyait un autel élevé de trois pieds, sur lequel était une idole, représentant une figure horrible, moitié homme, moitié serpent, ayant les mammelles d’une femme, et les cornes d’un bouc ; elle était teinte de sang. Tel était le Dieu du pays ; sur les marches de l’autel… le plus affreux spectacle s’offrit bientôt à mes regards. Le prince venait de faire un sacrifice humain ; l’endroit où je le trouvais, était son temple, et les victimes récemment immolées, palpitaient encore aux pieds de l’idole… Les macérations dont le corps de ces malheureuses hosties étaient encore couverts… le sang qui ruisselait de tous côtés… ces têtes séparées des troncs…, achevèrent de glacer mes sens… Je tressaillis d’horreur.

Le prince demanda qui j’étais, et quand on l’en eut instruit, il me montra du doigt un grand homme blanc, sec et basané, d’environ 66 ans, qui, sur l’ordre du mo-