Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/102

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il est donc certain que ces blasphêmes lui devenaient indifférens, il n’y a donc aucun risque à lui en adresser, il les entend sans peine et sans courroux, très-convaincu qu’on les lui doit, il rit de notre ignorance, de notre impossibilité à découvrir ses vues, sans s’offenser de ce qui en résulte. C’est une barbare absurdité de notre Europe, que de punir aussi sévèrement qu’on le faisait autrefois et de regarder même encore aujourd’hui comme un crime religieux, l’acte de la faiblaisse contre la puissance ; tout ce qui part du premier de ces états, s’émoussant avant d’arriver à l’autre, ne peut plus devenir un outrage, c’est l’acte de la puissance sur la faiblesse qui est dangereux ; le contraire n’a jamais d’inconvénient ; ne m’objectez pas que le valet armé offense le maître qu’il frappe de son arme ; dans le cas supposé, ce n’est plus le maître qui est le fort, c’est le valet armé, la puissance du maître n’est plus qu’illusoire ici, la seule réelle c’est celle du valet ; or, ce n’est plus cela dès qu’il s’agit de dieu, cet être