Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/108

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Elle est pure ! eh quoi ! faut-il absolument révérer des chimères pour avoir le droit d’être honnête homme ? J’aime mes frères, je les soulage, la bienfaisance est le sentiment de mon cœur, je ne pleure ma médiocrité, que parce qu’elle me prive du charme de faire des heureux ; je respecte les propriétés d’autrui, je ne ravirai jamais ni la femme ni le bien de personne ; croyez que je ne vous aurais pas enlevée à Duval, si je vous eu crue son épouse… je suis sensible à l’amour, c’est la jouissance des honnêtes gens ; je hais le vice, je suis enthousiaste de la vertu, et finirai tranquillement mes jours dans ses maximes, sans désirer les joies ridicules du paradis, et sans craindre les flammes absurdes de l’enfer.

Ces sentimens me plurent, je trouvais Gaspard estimable et résolus d’en faire mon ami ; cependant je voulus le connaître mieux, quelque périlleuse que fût pour moi l’épreuve où je voulais le mettre, quelque peu favorables que fussent les circonstances pour la hasarder, je me sentis