Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/119

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prennent de janvier en avril y sont incontenables, les peuples de la religion mahométane y sont fourbes, méchans, superstitieux, débauchés, et l’on n’est pas plutôt dans ce triste séjour, que l’on désire aussitôt de le quitter.

Le roi auquel nous fûmes présentés, est un homme d’environ cinquante ans, d’un libertinage effréné et d’une cruauté inouie ; on ne peut l’aborder que pieds nuds ; ses traits ne s’aperçoivent jamais ; perpétuellement couverts d’un voile de gaze, on dirait que cet imbécile craint d’éblouir ses peuples, quand il va de sa capitale à une maison de campagne à lui qui en est éloignée de deux lieues, il est précédé de quatre cents gardes à cheval, entouré de deux cents valets, chantant ses louanges, dont douze le portent sur un palanquin, et suivi de sept cents femmes nues, portant sur leur tête des corbeilles remplies des différens mets qui doivent être servis au repas de sa majesté ; trois cent cavaliers ferment la marche, et ce cortège forme une ligne d’une telle étendue,