Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/138

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la nature des élémens, il ne peut leur ôter leur propriété ; celui qui a recours au miracle pour expliquer ce qu’il ne conçoit pas, est un sot qu’on doit plaindre et ne jamais écouter. Un miracle est, selon lui, un effet de la toute-puissance de dieu qui déroge à cet égard aux loix générales qu’il a établies. — Peut-on prêter de pareils sentimens à l’Être-Suprême ? S’il a besoin de déroger à ses premières opérations pour se faire croire par l’homme, il convient donc que ce qu’il avait fait avant, n’avait pas assez de puissance pour mériter notre foi ? il avoue donc qu’il a mal fait d’abord, et qu’il faut maintenant qu’il fasse mieux,… première absurdité ; mais qui vous persuade d’ailleurs que dieu raisonne ainsi ? Qui vous prouve dans lui cette action de déroger que vous nommez miracle ? Quelque puisse être votre mauvaise volonté à l’égard de ce dieu si maltraité de vous, comment pouvez-vous croire qu’il se conduise comme vous le faites agir ? Connaissez-vous toutes les loix de Dieu, pour