Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/140

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encore même en la voyant ne pas la supposer un miracle ; je pourrais en la reconnaissant, n’en rien conclure en faveur de la cause, mais que sera-ce quand je ne vois rien de cette métamorphose ? Quand elle ne s’opère que parce que vous me le dites, sans que rien puisse m’en convaincre, que sera-ce quand je verrai ce que vous m’affirmez, contrarié par des accidens impossibles à supposer si le miracle avait lieu ? Quand je verrai cette farine sacrée, identifiée avec le corps d’un dieu, se flétrir, se putréfier, se laisser dévorer aux vers, se brûler, se dissoudre, se digérer, se résoudre en chile et en excrémens, se profaner enfin sans le plus léger risque, puis-je raisonnablement admettre que ce qui contient un dieu, que ce qui est un dieu lui-même puisse être soumis à des effets si humilians ? et ne vaut-il pas mille fois mieux que je rejette ce que vous me dites sur cela, que de l’admettre avec des contradictions d’une telle force, que ma raison s’en révolte, que mon cœur y répugne,