Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/152

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gnait à cela, du liant, de l’esprit, de la complaisance et beaucoup de séduction ; il était, on ne peut pas plus facile, que la dépravation de sa tête, pût s’étendre à ce qui l’entourait. Le mot de vertu n’offrait aucune idée à l’imagination de cette fille singulière, celui d’amour n’en donnait que de chimérique. Ce sentiment, prétendait-elle, n’existait plus que dans les vieux romans ; une femme devait en donner et n’en jamais prendre. Attachant un peu plus de prix à l’amitié ; mais ne la supposant possible qu’entre sexes égaux, elle avouait qu’on pouvait accorder son cœur à une amie, quand la ressemblance des goûts et des caractères était absolument parfaite, et qu’il n’existait aucune rivalité. D’ailleurs, tous liens, tous devoirs étaient nuls aux yeux de Clémentine ; la bonté, selon elle, n’était qu’une duperie, la sensibilité qu’une faiblesse dont il fallait se garantir ; la modestie une erreur qui n’allait jamais qu’au détriment des charmes d’une