Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/164

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êtes faites pour l’enchaîner… Je vais lui faire donner de faux avis, l’engager à attaquer mon fort, le lui laisser prendre… bien sûr de le ravoir quand je voudrai. Il vous fera prisonnières dans ce fort, ou vous conduira à sa cour… vous irriterez son cœur…, vous enflammerez ses passions, vous y céderez, et vous vous servirez de l’empire que vous aurez acquis par elles, pour le décider à l’alliance que desire mon souverain. Mais si vous voulez réussir, bannissez la jalousie d’entre vous, elle troublerait vos manœuvres, elle fairait avorter l’entreprise ; que celle qui ne sera point préférée, n’en serve pas moins l’autre avec ardeur ; que celle qui aura triomphé, change aussitôt en lauriers les mirthes de l’amour ; qu’elle ne se serve de son crédit que pour remplir notre but. Ne cessez jamais d’être unies, de vous secourir, de vous soutenir toutes deux, votre intérêt mutuel le demande, celui du projet l’exige. L’alliance faite, la permission de construire des forts dans le royaume de Butua, accordée, vous engagerez ce mo-