Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/181

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sur les plaies de la flèche empoisonnée du Jugas. — Me trouves-tu donc quelque supériorité sur toi ? — Celle de la lune sur les étoiles du ciel, et tu divises ma puissance par les rayons de ta beauté, comme la foudre partage le cèdre fièrement élevé vers les cieux. — Eh bien, laisse-moi me retirer avec ma compagne, ne l’outrage plus, et ne m’outrage jamais. — Et si je t’obéis. — Je te permettrai de tout entreprendre pour me servir. — Mais tu me rendras ce que je ferai pour toi ? — Quand je serai sûre de l’empire que tu me promets.

À ces mots, il ouvrit lui-même les portes du cabinet où nous étions, ordonna de me préparer le plus beau logement du palais, et pendant qu’on lui obéissait, il me demanda s’il ne me déplairait pas en mangeant avec moi. Je lui dis que je le voulais bien. On apporta des fruits ; il en mangea, puis nous en offrit, à Clémentine et à moi. Ce repas fait, je lui témoignai le desir que j’avais de me retirer dans mon appartement, et d’y être libre avec ma compagne. Il ac-