Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/199

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même et l’effroi du monarque et le mouvement qu’il fait pour retenir ma compagne, je franchis le mur aussi lestement qu’elle, et tombe à ses côtés ; là, bientôt relevées toutes deux, nous nous élançons au milieu des terres, suivies de nos six gardes, trop heureuses de sortir de cet asyle effrayant du crime, à si bon marché l’une et l’autre.

Nous l’entendîmes appeller à lui, mais nous étions déjà loin, comme il avoit vu du monde avec nous, et qu’il était seul, il n’avoit pas osé, sans doute, se jetter à notre poursuite et il rentra bien honteux, je crois, de se trouver dupé par deux Européennes, lui qui faisoit journellement trembler deux mille femmes dans son sérail, et qui, même à la tête de ses armées, passoit pour un des princes les plus valeureux de l’Afrique.

Nous sûmes à Benguele que, dans le premier moment de sa colère, il avait accusé dom Lopes d’avoir favorisé notre fuite, et que telle étoit la raison, voyant les Portugais en force dans ses états, pour laquelle il ne nous avoit pas fait suivre.