Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/243

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nous servir de sauve-garde : — moi, que j’aille dans une telle maison ?… — et vous nous conseillez d’y aller ?… — C’est votre métier, et ce n’est pas le mien, poursuivit cette femme en se retirant ; au reste, faites ce que vous voudrez ; mais songez seulement que dans vingt-quatre heures je ne peux plus vous garder chez moi.

Ô juste ciel ! tout l’enfer est conjuré contre nous, dit Clémentine, dès que nous fumes seules ; tes maudits préjugés de vertu vont nous perdre… Reste, poursuivit-elle, en se levant furieuse et gagnant la porte, je veux aller affronter les chimériques dangers de cette aventure… Non, m’écriai-je, en la saisissant dans mes bras… Non, je ne mangerai pas le pain de la prostitution ; je ne vivrai pas du fruit de ton deshonneur… Et que deviendrais-je moi-même dans cet affreux logis ; l’inquiétude de ce qui t’arriverait, la crainte des mêmes malheurs où je me trouverais peut-être