Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/245

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Oui, dis-je, nous le sommes… La voiture est-elle là ? — Elle attend au détour de la rue, nous la gagnerons à pied, si vous le voulez bien ; — soit, et nous avançâmes… C’était un vis-à-vis, nous y montons ; le laquais s’élance derrière ; le cocher touche et nous volons.

Il est difficile de vous peindre l’état dans lequel je me trouvais ; la circulation de mon sang était entièrement suspendue ; je n’existais plus que par les palpitations réitérées de mon cœur. Un peu moins d’agitation… je succombais ; Clémentine, ou plus courageuse ou plus décidée, n’était que silencieuse et sombre, elle me serrait quelquefois la main et ne disait mot. Le trajet était long et nous avait été mal peint, au sortir de Lisbonne que nous quitions pour la dernière fois de notre vie, nous suivîmes les bords du Tage, environ deux lieues, ensuite nous coupâmes tout court à gauche, du côté de Leivia, puis quittant subitement la grande route, nous enfilâmes au milieu d’un bois, une allée touffue,