Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/255

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et traversant comme la foudre les appartemens où nous avions passé, nous nous jettons toutes deux dans la cour, sans qu’aucuns de ces hommes lâches et affaiblis par le vice, ait, ou le courage de nous y suivre, ou la force de nous y atteindre. Ouvre cette porte, dit impérieusement Clémentine, au valet qui nous avait amené, cesse de nous retenir, ou c’est fait de ta vie, le coquin effrayé de deux fers à la fois, obéit… Nous échappons, et sans nous arrêter ni regarder derrière nous, malgré l’épaisseur extrême de la nuit, nous sortons du bois et gagnons la plaine en courant.

Eh bien ! dit Clémentine, en se jettant d’épuisement et de lassitude, contre une mazure qui se trouvait là, tu le vois ma chère, nous voilà échappées, sans avoir versé une goutte de sang… sans avoir perdu cette fleur de sagesse si précieuse, et à laquelle tu attaches tant de prix… Oh ! qu’il en coûte pour faire le bien, en vérité le vice ne donne pas autant de peine. Mais