Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/268

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que j’approuvais ce qu’elle disait ; je ne sais, mais j’étais rassurée, ces Bohémiens ne m’effrayaient nullement, il y a une sorte de conscience parmi les scélérats, qui vaut quelquefois mieux que celle de l’honnête homme, le premier n’ayant que peu de lois, respecte bien celles qu’il s’impose, l’autre en a trop pour les révérer toutes, et le relâchement qu’il se permet, ébranle à-la-fois tous ses freins… Cher et brave compagnon, dis-je au chef, une seule chose m’inquiète, entre-t-il dans vos principes et dans vos usages de répandre le sang humain ? Si cela est, ni elle, ni moi, ne nous associerons jamais avec vous ; par Lucifer, dit le chef, un peu courroucé, apprenez, filles de Dieu, que nous ne détruisons jamais l’ouvrage de la nature, nous laissons aux prêtres, aux gens de loi et aux souverains, toute l’atrocité de ce crime ; une partie de notre haine pour eux, vient du sang-froid avec lequel ils se livrent journellement à ces horreurs ; nous vous permettons de verser notre propre sang, la