Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/343

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que vous voyez, j’ai étudié cinq ans à Salamanque, et sans quelques petites fredaines de jeunesse qui me brouillèrent avec la justice, dit Brigandos, en relevant ses moustaches, je serais peut-être aujourd’hui recteur en l’université de Compostel. — Vous êtes donc de la Galice ? — En vérité, commandeur, je serais bien en peine de vous dire de quel pays je suis, tout ce que je sais, c’est que ma mère est arrière-petite-fille du bâtard de la maîtresse d’un enfant trouvé de Barcelone, d’où vous voyez que j’ai quelques traits à me qualifier de Catalan. Si jamais je finis mal ma carrière, au moins aurai-je la satisfaction d’être traité par le bourreau comme un grand de la première classe, et cela ne laisse pas que d’être consolant[1]. — Mais enfin vous êtes né quelque part ? — Sur le haut d’un mât de perroquet, commandeur, où

  1. C’est la prétention et le droit des Catalans comme noble, titre qu’ils se donnent tous.