Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/367

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le moins scrupuleux dans les moyens de s’en assurer les victimes »… Oh ! mon ami, s’écria Dona Castillia en accourant avec effroi, sauvons-nous, sauvons-nous d’ici, nous n’y sommes pas en sûreté… Eh ! qui y a-t-il mignone, répondit notre chef en se levant ? — Un cadavre de femme ; là, regardez là où j’allais allumer du feu pour faire cuire notre souper. — Un cadavre ? — Oui, en vérité. Nous nous levons, nous allons reconnaître, et nous nous convainquons bientôt tous que notre doyenne n’a que trop bien vu ; c’était une fille de vingt à vingt-deux ans, percée de deux coups de dague dans la poitrine, mais elle était si parfaitement belle, il y avait si peu de tems qu’elle était morte, qu’aucun de ses traits n’étaient encore altérés. — Il faudrait décamper, si nous faisions bien, dit le chef, mais, de par tous les diables, quand la justice entière de Tolède devrait venir ce soir-ci, je n’irai pas plus loin ; qu’on fasse un trou, qu’on mette dedans cette infortunée ; qu’on fasse des