Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/385

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des roses ; et quand nous sommes effeuillées comme elles, les froides jouissances de la vanité nous dédommagent-elles de tout ce que nous avons fait en leur faveur ?

Pour quant à moi poursuivit Clémentine, je ne te le cache pas, mon parti est pris, j’aimerais mieux mourir que de ne pas me donner non-seulement à celui qu’on m’indique, mais à tous ceux qui voudront de moi… à tous ceux que mes charmes pourront séduire… Et pourquoi donc seraient-ils faits ces charmes ? si ce n’étoit pas pour les livrer ; n’est-ce pas pour plaire que la nature nous a faites jolies ? Si c’était un crime que de lui céder, nous aurait-elle donné les appas qui nécessitent la chûte ? Ah c’est qu’elle veut qu’on la fasse dès qu’elle nous prodigue tout ce qu’il faut pour y être entraînées ; et celle qui lui résiste en rendant les frais inutiles, l’offense bien plus griévement, que celle qui, connaissant le prix des dons, ne pense qu’à en multiplier l’usage… Vis et meurs sans plaisir près de ton phantôme de vertu…