Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/396

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le jeune homme à la mode, à Tolède, quoique marié lui-méme, il n’en était pas moins l’effroi de tous les époux et l’idole de toutes les femmes. La comtesse de Flora-Mella avait trop de vanité, elle avait le coup-d’œil trop sûr, pour ne pas désirer à son char, ce célèbre amant de toutes les jolies femmes ; le voir et l’enchaîner, furent pour elle l’affaire d’un jour, et cette intrigue devint bientôt si publique, que le comte de Flora-Mella, ne pouvait presque plus en soutenir la honte.

Quelques fussent ses tribulations, le désir qu’il avait de se voir un héritier, l’engagea néanmoins à feindre ; il dévora ses chagrins ; il essaya d’imposer silence au public, et continua de vivre avec sa femme dans l’intimité des époux. Ses vœux s’accomplirent enfin, la comtesse devint grosse, et mit au monde un fils, nommé Dom Juan, malheureux héros de cette sanglante histoire. De ce moment le comte leva le masque, il crut ne devoir