Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/430

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à des chimères, pour ne pas gagner davantage ?… Doucement dis-je à notre philosophe, vous peignez là le superstitieux ; mais l’homme vraiment attaché à sa religion qui la suit et la croit dans la simplicité de son cœur, qui adopte la vertu, parce que la religion la récompense et l’inspire, qui déteste le vice parce qu’elle le condamne et le punit, qui perpétuellement enflamé de l’être suprême, consolé des maux de la vie, par l’espoir de revoler bientôt dans le sein de celui qui l’a crée, vit en craignant de lui déplaire, meurt en tâchant de l’imiter ; un tel homme sans doute ne vous paraît pas un modèle indigne à suivre ? Assurément, reprit notre chef, je ne méprise pas le phantôme qu’il vous plait d’ériger là, et auquel vous ne croyez pas plus que moi, mais s’il existe je le plains ; il a travaillé toute sa vie pour des illusions qui ne le dédommageront pas des sacrifices qu’il a pu leur faire, il n’a d’ailleurs été vertueux que par crainte, ce mérite est bien peu de