Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/437

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m’avait donné l’adresse… Il était prévenu, il m’attendait… On m’avait parlé d’un jeune homme, celui qui fut présenté à mes yeux, avait environ cinquante ans, fort laid, l’esprit aussi méchant que l’ame corrompue ; ô Léonore ! tu ne te peindras jamais le dérèglement des mœurs de ce libertin, l’incroyable désordre de ses propos et de ses fantaisies, l’irrégularité de ses goûts… J’ai eu deux amans dans ma vie… mais aucun d’eux… oh ! non, non, quelque dépravée que tu me supposes, je rougirais trop de ces détails… Contente-toi de savoir qu’il a voulu outrager mon sexe… Que résistant à ses désirs, il a appelé à lui, et m’a contraint par la violence, à en assouvir l’horreur,… et mon amie fondait en larmes en achevant cet odieux récit.

Je ne la consolai pas, je crus que c’était le moment de pénétrer son ame, plutôt que de l’attendrir… l’instant de frapper les grands coups… Eh bien ! lui dis-je, te voilà punie de tes systêmes, les voilà culbutés par l’expérience, cette aventure