Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/464

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elle donna de l’humeur à nos gardes, et il n’y eut pas un seul prisonnier qui n’en souffrit.

Le surlendemain de votre départ, était enfin le jour destiné à la fatale scène qui nous attendait ; on nous avertit dès le matin, de nous tenir prête pour être interrogée, avec les formalités de rigueur ; je laissai passer ce mot sans l’interpréter ; mais Clémentine, ou plus craintive, ou plus clairvoyante, me demanda si j’avais fait attention à la phrase dont on s’était servi ? — Non, lui dis-je ; eh bien ! me dit-elle, sois malheureusement bien sûre que cet interrogatoire, avec les formalités de rigueur, ne signifie autre chose que la question à laquelle nous allons certainement être appliquées. — Ô ciel ! tu me fais frémir,… et nos larmes coulèrent à toutes les deux.

Neuf heures sonnèrent enfin ; c’était l’instant pour lequel nous étions averties ; l’alcaïde se présenta à moi quand on ouvrit ma porte ; et m’ayant prise à part,