Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/48

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de Blamont, la démarche hazardée que m’a fait faire monsieur de Karmeil, auquel vous permettrez que je continue de donner le nom de Sainville, plus connu dans nos aventures, si, dis-je, quelque chose peut me valoir votre indulgence, j’ose la réclamer en raison des traitemens odieux que j’avais toujours reçus de madame de Kerneuil ; c’est une faible excuse sans doute ; une fille doit tout endurer de ses parens, je le sais, mais quand rien ne dédommage des duretés, quand la femme qu’on croit sa mère, nous dit à tout instant qu’elle ne nous est rien, qu’elle a été trompée, qu’on a changé son enfant en nourrice, que celle qu’on lui a rendue à la place, n’est que la fille d’une paysanne, et qu’à de tels propos se joignent des menaces et des coups, la patience échappe, vous le concevez ; quand à la suite de cela, on se voit enlevée à un homme qu’on adore, pour être sacrifiée à celui qu’on déteste, qu’on a quinze ans et ma tête, on doit faire bien des étourderies.

Votre tête, dit madame de Blamont ? —