Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/488

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auxquels j’avais eu le bonheur d’échapper jusqu’ici.

On vint me chercher vers les dix heures, et je fus mystérieusement introduite dans l’appartement de son éminence : il ordonna de fermer toutes les portes dès que je fus entrée, et défendit expressément qu’on s’avisât de l’interrompre, sous quelques prétextes que ce pût être. Il faisait fort chaud, et monseigneur, encore en déshabillé, n’était couvert que d’une robe flottante de gros-de-Tours brune, qui ne l’enveloppait pas très-exactement ; il était couché dans une profonde bergère, quand je parus, et sans se déranger, il me fit placer sur une chaise qui se trouvait en face, le plus près possible de son siège. Mon enfant, me dit-il, sitôt que je fus assise, je fais pour vous ce que je me permets pour bien peu de femmes ; mais je ne vous cache pas que vous m’avez plû ; votre sort est entre vos mains ; vous avez vu ce qui est arrivé hier à une de vos