Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/492

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vant et me replaçant auprès de lui, se pourrait-il que je t’eusse inspiré quelque tendresse ?… et je baissai les yeux en rougissant ; — mon enfant, est-il vrai que tu m’aimes ?… — Il est vrai, dis-je en jettant sur lui des regards passionnés, que je n’ai jamais connu de mortel dont j’osasse espérer tant de bonheur… Il est vrai que si j’étais assez heureuse pour faire naître en vous la moitié de ce que j’éprouve, il n’y aurait pas de femme sur la terre dont le sort pût se comparer au mien… Mais, continuai-je, en essuyant quelques larmes, que j’eus l’air de sortir de mon cœur : … Quel vain espoir est le mien ; est-ce bien à moi d’oser jetter les yeux sur le premier souverain du monde… Ah ! qu’il daigne un instant écarter sa grandeur ; qu’il oublie les titres qui lui soumettent l’univers, pour ne plus songer qu’à ceux de l’homme aimable… Qu’il permette à une infortunée d’adorer dans lui ce qui le rendrait digne des plus grandes princesses de la terre.