Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/504

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adroitement caché dans ma main la dose destinée à Dom Crispe, et depuis que nous étions à table, je ne m’occupais que des moyens de la placer dans son verre. Étourdi d’amour et de vin, vers le milieu du souper, il se penche totalement dans mes bras pour couvrir mon sein de baisers, au lieu de le repousser comme j’avais coutume, ma main gauche captive sa tête sur ma gorge, pendant que j’introduisis lestement derrière lui, de la droite, la poudre que je tiens prête, son verre était plein, elle s’y délaya tout de suite, mon opération faite, je le repoussai doucement, me versant à boire à moi-même, je l’invite à me faire raison, il avale et le suc préparé distillant aussitôt dans ses veines, produisit un effet si prompt, que dix minutes après, ses yeux s’appesantissent, ses sens se glacent, et il tombe dans une espèce de l’étargie qui m’aurait effrayée pour tout autre homme, et dans tout autre cas. Mais quand il s’agit de