Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/515

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me faire voir que ma direction était juste, et que je faisais effectivement face aux Pyrénées. Je cheminai tout le jour, ne m’arrêtant que quelques instans aux pieds des arbres, évitant tous les endroits habités, et ne vivant que de racines et d’eau. Je me trouvai le soir si éloignée de tous les chemins praticables, que quoique ma direction fut toujours juste, je ne savais plus trop où j’étais. Je voyais pourtant ces montagnes si élevées qui séparent la vieille Castille de la nouvelle, je savais qu’il fallait les traverser pour me rendre à Saint-Ildephonse, où je retrouverais la route des Pyrénées, mais comme il était trop tard pour entreprendre alors ce passage, je ne m’occupai qu’à chercher quelqu’abri, où je pus attendre le jour ; un sentier que je suivis dans ce dessein, à travers des taillis, très-fréquens dans cette partie de l’Espagne, m’amena auprès d’une maison isolée, à la porte de laquelle je vis une enseigne ; je m’approchai d’une femme assise sur un banc, près de la maison