Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/517

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beaucoup plus propre que je n’eusse dû l’attendre dans un tel lieu, je m’y instalai, et trois quarts-d’heure après, la femme elle-même m’apporta un assez bon souper. Tous ces procédés paraissant établir la confiance, mon repas fait, je crus qu’une nuit tranquille devait m’attendre dans le lit qui m’était destiné ; un excès de délicatesse assez déplacé dans ma position, mais néanmoins fort heureux pour moi dans la circonstance, me fit regarder les garnitures de ce lit, je crus y voir plusieurs tâches de sang, je soupçonnai que quelque malade pouvait y avoir couché, mon imagination ne fut pas plus loin, c’en fut assez pourtant pour me déterminer à ne point m’établir dans l’entour de ces rideaux et à transporter les matelats par terre à dessein d’y passer la nuit, et plus fraîchement, et plus proprement, dès que je devais en espérer une tranquille ; mais combien mon espoir était loin de se vérifier, j’étais dans le plus profond sommeil, il était environ