Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/536

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excellente… et pour cela et pour autre chose,… quand la fantaisie nous en prendra,… Marchons, poursuivit-il, il est tard, demain la voiture de Madrid passe au coin du bois, à l’aube du jour, je n’y veux laisser ni un écu, ni un voyageur, j’ai tant de chagrin d’avoir manqué aujourd’hui la berline du duc Dalbuquerke, que je veux m’en venger demain sur tout ce que je rencontrerai ; et l’on marchait toujours durant cette charmante conversation, qui, comme vous voyez ne me laissa pas ignorer long-temps que j’avais pour affreux destin, d’être tombée dans une troupe de voleurs,… que dis-je dans une troupe d’insignes assassins, qui ne faisait jamais grace à qui que ce fut, et qui s’étant rendue introuvable dans la vieille Castille, l’inondait depuis six mois des crimes les plus atroces. Je ne vous dirai point mes réflexions, j’étais si tellement anéantie qu’à peine avais-je la force de respirer. Quelquefois pourtant je les suppliais de me faire grace et de me