Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/551

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n’avaient pas songé à me prendre, avaient servi à nous conduire jusques-là. Mais ces ames honnêtes et sensibles surent bientôt me dédommager du peu que j’avais fait ; Bersac et sa femme avaient des amis à Valladolid, ils furent les voir, et en reçurent les secours qu’ils en attendaient. Voilà ce qui vous appartient, madame, me dit cet honnête ami, en plaçant devant moi la somme entière qu’ils venaient de recevoir. Daignez accepter ceci comme une bien faible marque de la reconnaissance que nous vous devons : prenez tout, dirigez tout, et conduisez-nous seulement à Bayonne. — Oh ciel ! dis-je à ces braves amis, quelle injure vous me faites ! Quoi, vous voulez m’ôter la douceur de vous avoir servi ! une ame comme la mienne connaît-elle d’autre prix aux bienfaits, que celui de les avoir rendus ?… Mon père, dis-je à Bersac, en me jettant dans ses bras, protégez ma jeunesse ; empêchez-moi de heurter encore contre de nouveaux écueils ; voilà le prix que je de-