Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/560

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Les tiens, t’ont commandé le meurtre et la vengeance ;
Et le mien,… quand ton bras vient de m’assassiner,
M’ordonne de te plaindre… et de te pardonner.

Ah ! mes amies, continua cet homme doux et sensible, plus on connait les hommes, plus on devient tolérant. Si ces malhonnêtes gens devaient se corriger, peut-être entreprendrais-je leur cure ; mais je sens combien elle est impossible, et j’ose dire, avec un homme de beaucoup d’esprit[1], qu’on n’a pas le droit de rendre malheureux, ceux qu’on ne peut pas rendre bons. Croyez-vous que si ces infortunés étaient riches, ils exerceraient l’affreux métier que vous leur voyez faire ? Le besoin seul les y détermine, tandis que l’ambition et l’orgueil, senti-

  1. Le marquis de Vauvenargues.