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Déterville à Valcour.

ment, comme vous voyez, à me former au théâtre, ou à m’en donner le goût, il élevait aussi mon cœur, il fortifiait ma raison. Je connaissais par lui le prix de mes voyages ; il me montrait le fruit que je pouvais cueillir de mes malheurs. Pendant ce tems sa digne épouse cultivait mes faibles talens ; et à peine arrivée au-delà des monts, j’étais déjà en état de débuter dans huit rôles.

Mais j’ai devancé, sans le vouloir, les événemens de notre route : reprenons-les, ils offrent, avant que d’arriver en France, un évènement assez singulier, pour que je ne doive pas vous le taire.

Je craignais de séjourner dans les villes, et sur-tout de suivre les grandes routes ; j’en avais déjà témoigné mon inquiétude à Bersac, qui, instruit par moi de mon aventure de Madrid, m’assura que l’inquisiteur, trop honteux de ce que j’aurais à objecter contre lui, se garderait bien de me poursuivre, et que mes craintes étaient chimériques, je me livrai donc à lui.

Tome III. Part. VI
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