Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/575

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Ô Bersac ! m’écriai-je, ô mon protecteur ! vous m’inspirez la clémence, donnez m’en l’exemple aujourd’hui, madame, poursuivis-je, en prenant les mains d’Angélique, ne faites pas un jour de sang d’un des plus heureux de ma vie, puisqu’il vient rendre à ma tendresse une amie perdue si long-temps… Chère dame, dit Clémentine en cajolant la Bersac avec les manières naïves et pleines de grace qu’elle employait avec tant d’énergie ; songez que je suis la première offensée, et qu’en vérité il n’y a que moi qui doive se mettre en colère, si quelqu’un en a le droit ici ; oublions donc tout, de part et d’autre ; — j’y consens, répondit Bersac, j’aurais trop à me reprocher, si je troublais en rien la joie de Léonore, n’y pensons plus, madame, dit-il à son épouse ; si je vous connaissais moins ; si vous aviez fait un seul faux pas dans votre vie, cette aventure me troublerait peut-être ; mais une femme sage, vingt ans ne se dément pas dans un quart d’heure… Votre innocence