Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/580

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livrant à son goût de dissertation philosophique, où son érudition éclatait toujours, quoi, n’est-ce donc pas un préjugé stupide, que d’exiger de la fidélité d’une femme, même avant que d’avoir connu son époux ? Devait-elle quelque chose à cet époux, dont elle ne soupçonnait seulement pas l’existence ? — Mais, dit madame de Bersac, on peut craindre que celle qui n’a pas été sage avant l’hymen, ne puisse le devenir après.

Ce raisonnement n’est pas juste, madame, reprit notre chef, une fille n’a pour conserver sa virginité que les liens les plus chimériques, tant qu’elle est en puissance paternelle, si elle la garde avec tant de soin alors, c’est par faiblesse ou par ignorance ; mais elle n’y est point tenue ; rien ne l’y oblige, et jamais l’autorité des parens, s’ils sont justes, ne peut s’étendre jusqu’à contraindre leur fille à la chasteté, c’est-à-dire à un état absolument contraire à la nature, elle peut disposer d’elle, aucun pacte ne la lie, elle n’a fait aucune promesse, elle n’est qu’à elle, et la raison qui