Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/588

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jouir, en me permettant de travailler au sien… D’être témoin de son délire, oui, monsieur, voilà en quoi consiste la délicatesse dans une ame bien organisée, il ne s’agit pas d’être content tout seul ; il ne s’agit pas de ne vouloir rendre nos épouses heureuses, que quand nous le sommes nous-mêmes, il faut répandre la félicité sur elles… Dut-ce même être à nos dépens, et ne pas s’imaginer sur-tout qu’on est ou à plaindre ou déshonoré parce qu’elles ont pu goûter un instant de plaisir loin des nœuds dont nous les accablons. Bersac demanda au jeune époux de Clémentine, s’il adoptait de pareils systêmes, assurément, monsieur, répondit cet aimable jeune homme, on me verra sans cesse partager tous ceux qui paraîtront faire le bonheur de ma femme ; la société entière applaudit ces principes ; le sérieux Bersac n’y put tenir lui-même ; la chaste Angélique en lorgnant Santillana, lui disait bas : — Votre femme est folle… Mais vous êtes d’une imprudence… On ne fait pas de ces choses-là…