Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/89

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dont la voix unit tous les cœurs ; rappellez-vous toujours de mes principes et ne me blâmez pas de mes imprudences.

Je laissai donc parler mes yeux : Dom Gaspard vif, sémillant, jeune, plein d’esprit, de candeur et d’honnêteté, comprit au mieux leur langage ; les siens m’assurèrent bientôt du sentiment le plus réciproque et le plus sincère ; il ne fut plus question que de nous arranger ; Dom Gaspard m’écrivit en français, qu’il parlait fort bien,… je lui répondis, nous convinmes enfin d’un rendez-vous ; là, je me confiai entièrement à ce jeune homme ; je ne suis point la femme de Duval, lui dis-je, une fâcheuse aventure m’a fait tomber dans ses mains à Tripoli, il m’a rachetée,… il veut abuser de ses droits pour me contraindre à accepter des liens,… qui me déplaisent ; êtes vous homme à me sortir de cet esclavage ? Assurément, me dit Gaspard, j’entreprendrai tout pour briser vos fers et plus généreux que Duval, je vous proteste et de vous ramener en Europe, et de n’exiger