Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/94

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pour moi ; je paraissais trop douce pour avoir eu des torts la première, les femmes me plaignaient, les hommes se moquaient de lui ; mais abandonnons totalement Alexandrie, et trouvez bon que j’entre dans quelques détails sur la route singulière et peu fréquentée que je faisais.

Quoique cette multitude de voyageurs, rassemblés sous le nom de caravannes, soit composée de gens de toutes sortes de pays et de religion, rien n’est comparable pourtant à l’ordre qui y règne, une armée observe moins de subordination, et c’est par le moyen de cette excellente police qu’on y est en sûreté comme dans nos routes de France. Au seul chef appartient le droit de décider sur le peu de différents qui s’élèvent, et ses jugemens sont toujours équitables. On part ordinairement deux heures avant le jour, et excepté une heure où l’on s’arrête aux environs de midi, la marche se prolonge jusqu’à trois heures de nuit, les guides donnent les signaux sur une timbale ; tout alors doit être prêt en