Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 3, 1795.djvu/98

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voilà un dieu méchant, si elle l’est par inadvertance ; voilà un dieu faible, et de toute façon un dieu qui a tort. — Votre argument est sans réplique, je ne saurais comment y répondre, je m’en tiens à la sensation produite par l’effet, et vous avoue qu’il est bien difficile de s’enflammer pour la grandeur d’un être dont les torts sont aussi réels. — Le pouvez-vous davantage, si le hasard vous place au milieu d’une troupe de scélérats ? — Assurément non. — Tout ce qui existe n’est donc pas parfait, la seule perfection pourtant est digne de notre hommage ; cependant cette qualité ne se trouve pas dans les ouvrages de dieu… dieu n’est donc pas digne de nos hommages. Ô ! Léonore, tirez vous de ce syllogisme, c’est de toutes les manières de raisonner la plus sûre, retorquez, je vous prie, celui-là.

Ces premiers élans de la philosophie de Gaspard, me firent voir que son esprit mûri par l’étude, était bien loin d’adopter l’erreur, et mon estime pour lui, en re-