Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/102

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cents louis, signez-moi une renonciation au mariage que vous avez dans la tête. (Saisissant les rouleaux et les jettant dans l’antichambre.) — Homme vil, oublie-tu chez qui tu es ? Oublie-tu la bassesse de ton existence, le peu de dignité de ta place, l’avilissement où te plongent tes vices, et tous les droits enfin que la vertu et la nature me donnent sur ton méprisable individu ? — Vous m’insultez, monsieur. — Je le ferois par-tout ailleurs, je me contente chez moi de vous prier de sortir. — Vous prenez les choses avec une vivacité ! — Et par où donc ai-je pu mériter d’être humilié si cruellement. Qui peut donc vous contraindre à me mésestimer ? Renoncer pour de l’argent au sentiment le plus precieux de ma vie ? Homme lâche, oui, je suis pauvre, mais le sang de mes ancêtres coule pur dans mes veines ; et je me repends moins des fautes qui m’ont fait perdre mon bien, que je ne rougirais d’en posséder dont l’acquisition me couvrirait de honte ; périssent mille fois ceux qui n’ont à mettre dans la société, pour dé-