Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/105

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qu’elle aime ou qu’elle n’aime pas, qu’elle soit contente ou triste d’accorder ce qu’on veut, et que ce qu’on désire, soit légitime ou non,… pourvu qu’on obtienne… Qu’est-ce que tout le reste fait au bonheur ? Vous autres gens à grands sentimens, vous placez la félicité dans des chimères métaphysiques, qui n’ont d’existence que dans vos cerveaux creux, analysez tout cela, le résultat n’est rien ; je voudrais bien que vous me disiez à quoi sert l’amour d’une femme, pourvu qu’on en jouisse ; et dans l’instant qu’on en jouit, ce que cet amour apporte de plus à la sensation physique ? — À supposer que votre Dolbourg soit assez méprisable pour penser ainsi, si votre fille est née délicate, vous n’en ferez pas moins son malheur. — Et pourquoi, si l’on n’exige d’elle… rien qu’elle ne puisse donner ? — Ces dons-là sont affreux quand ce n’est pas le cœur qui les fait. — Eh bien ! ce sont, je le suppose, deux momens un peu durs par jour, reste vingt-deux heures à faire tout ce qu’on veut. — Une femme ver-