Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/130

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de la réalité des maux qui s’accumulent sur nos têtes ?… Comme il est fourbe cet homme, et comme il est cruel !… remarquez qu’il la croit sa fille, qu’il n’a pour le désabuser qu’un propos d’elle, dont rien ne peut lui garantir la vérité ni détruire les premières opinions dans lesquelles il doit être naturellement… il la croit sa fille, et voilà comme il la traite,… et la foudre n’éclate pas sur un tel homme !… j’aurais voulu que vous eussiez vu le calme avec lequel il est revenu de cette belle expédition, comme l’habitude de feindre empêchait son front de vaciller,… pas un ton faux dans les inflexions de la voix, pas une réponse louche ;… jamais le crime n’eut autant d’assurance ; mêmes caresses, mêmes empressemens près de moi ; il a voulu comme depuis quelque temps y passer deux ou trois heures de la nuit,… et moi qui ne savais rien,… moi qui ignorais que ces mains criminelles ;… hélas ! je les ai laissées s’approcher de moi,… et maintenant j’en frémis d’horreur… Pourrais-je