Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/157

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re congé, voulant d’après votre conseil, rompre avec tous mes amis… J’étais à pied… le tems était clair, je tournais la rue de Bussi pour entrer dans la rue Mazarine : il était environ minuit… Quatre hommes, l’épée à la main, traversant la rue, tombent sur moi avec une telle vitesse, que j’ai reçu le premier coup avant que d’avoir eu le temps de me défendre : j’ai paré les autres en m’appuyant contre une maison… Pendant ce temps mon domestique, l’un des plus braves garçons que j’aie connu, a sauté sur l’un de ces gens, et lui a donné un vigoureux coup de genoux dans le ventre, qui l’a étendu au milieu du ruisseau : il en allait saisir un autre, quand j’ai reçu ma seconde blessure. Voyant qu’il était prouvé que je n’avais affaire qu’à des assassins, je n’ai plus songé qu’à battre en retraite, toujours en parant de mon mieux, quoique mon bras se fût engourdi par l’effet du sang que j’en perdais… Alors j’ai appellé à moi, et comme j’ai vu que la garde accourait, et que mes meurtriers