Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/185

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depuis soixante ans le patrimoine d’une très-pauvre famille qui avoisine le château ; j’ai recherché mes titres, je me suis douté d’une usurpation… Elle était claire… J’ai fait promptement décamper mon homme, et tout le train de femme et d’enfans qui l’accompagnait, et en dépit de leurs cris, de leurs plaintes, dont je ne me suis seulement pas douté, j’ai fait ma terrasse, et ils ont déserté le pays. — Voilà des malheureux au désespoir, — tant qu’il vous plaira, mais j’ai ma terrasse… Il faut raisonner toutes ces choses-là… Moi, voilà mon malheur, c’est que je raisonne tout… Je soumets tout à l’histoire des sensations ; c’est selon moi la plus sûre façon de juger… La privation de l’embellissement produit par ma terrasse était une sensation douloureuse pour moi, la privation du terrein qui devait former cet embellissement en était une fâcheuse pour le malheureux paysan… Dites-moi maintenant, je vous prie, pourquoi dès qu’entre Pierre et moi, il faut qu’il y ait une triste sensation à recevoir,