Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/207

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Qu’ils sont à se plaindre, mon ami, ceux qui n’ont pas dans leurs peines les espérances flatteuses de la religion, ceux qui se voyant accablés par les hommes, ne peuvent pas dire au fond de leur cœur : « Il est un Dieu juste et bon qui me dédommagera de ce qu’on me fait souffrir ; son sein ouvert aux malheureux, recueillera mon ame affligée, et j’aurai sa pitié consolatrice, pour prix des maux qu’on m’aura fait ».

Oui, j’ose le dire, la connaissance d’un Être suprême est un des plus doux présens que nous ayons reçus de la nature ; il n’est pas un seul instant dans la vie, où cette idée ne soit chère et précieuse ; pas un seul, où nous n’y trouvions un torrent de délices… Quel être assez barbare peut donc imaginer de l’arracher aux hommes ! Le cruel ! en se privant lui-même du plus doux espoir de la vie, n’a-t-il donc pas conçu qu’il aiguisait le fer du tyran,… qu’il armait le bras de l’iniquité,… qu’en flétrissant le prix de toutes les vertus, il