Page:Sade - Aline et Valcour, ou Le roman philosophique, tome 4, 1795.djvu/232

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viennent frapper mon oreille, n’ont pour objet que mon Aline… Mille phantômes semblent alors voltiger près de moi ;… je crois distinguer parmi eux l’ombre chérie que j’idolâtre, et lorsque je veux me précipiter vers elle, un torrent de flamme l’enveloppe et la fait disparaître à mes yeux… Je me roule à terre, je désire que ce sol inondé que je presse, s’entrouve pour me recevoir ; et ma raison m’abandonnant tout-à-fait, je demeure le reste de la nuit dans cette attitude de la douleur et du désespoir.

Les vents se calment enfin, l’étoile brille,… le ciel s’éclaircit,… et mon ame, qui vient d’être le jouet des élémens mutinés, comme les chênes qui m’environnent, ose se r’ouvrir à l’espérance, comme leurs rameaux courbés sous l’aquilon impétueux, se redéveloppent avec majesté dans les airs.

Je me remets en route, avec le seul projet de retourner à la ville… J’y fus rendu le seize, à six heures du matin ; et m’étant